Ce grand portrait de famille, réalisé par de Dreux pour le Salon de 1848, célèbre un art de vivre et une réussite sociale. L’œuvre au format monumental répond aux exigences d’un portrait d’apparat tout en le transformant en une scène de genre : une promenade au bois à l’ombre des grands arbres d’une allée cavalière.
L’œuvre fait référence à l’usage, sous la monarchie de Juillet, de se promener à cheval ou en voiture attelée le long des Champs-Elysées. Les membres de la famille Mosselman font cercle autour d’Eugènie Gazzani, assise dans un petit-duc attelé de poneys Shetlands. Son époux est à cheval aux côtés de leur fille aînée, Charlotte, tandis que Pauline, la cadette, leur fait face de l’autre côté de l’attelage. Les tenues élégantes, mais sans apprêts, des Mosselman, montrent une richesse de camaïeux roses et blancs sur lesquels joue la lumière contrastée de la clairière. De Dreux démontre dans cette œuvre très aboutie, qu’il est un portraitiste aguerri mais surtout un peintre animalier dont les chevaux semblent prendre une part active à la scène. La course des whippets, compagnons de chasse et de promenade, complètent d’une touche très britannique la halte des cavaliers. Le paysage, dans lequel il ne faut pas chercher la description d’un site précis, utilise, avec sa longue perspective boisée et sa végétation luxuriante, un motif cher aux peintres de Barbizon et aux paysagistes anglais.
De ses débuts au Salon de 1831, jusqu’à sa dernière participation en 1859, de Dreux connaît le succès comme peintre de la cour d’Orléans et comme spécialiste des sujets équestres très appréciés de la haute société. L’anglomanie qui touche alors la société parisienne et accompagne une nouvelle sensibilité artistique, développe un sentiment de la nature dont l’art du paysage et les loisirs équestres comptent parmi les expressions privilégiées.
En s’adressant à de Dreux pour la réalisation de leur portrait de famille, les Mosselman sont en adéquation avec cette société brillante de la monarchie de Juillet, ouverte aux modes nouvelles, qui, un temps éclipsée par la Révolution de 1848 et l’exil en Angleterre de la famille d’Orléans, retrouvera son faste sous le second Empire. La famille Mosselman devait sa fortune aux mines et aux fonderies de zinc qu’elle possèdait en Belgique. Alfred Mosselman fut aussi connu du tout Paris littéraire et mondain pour sa longue liaison avec Madame Sabatier, égérie de Clésinger et de Baudelaire, dont le salon fut célèbre. » – I. C.
Huile sur toile
H. 200 x l. 265 cm
Collections XIXe siècle, Petit Palais.